Catégorie UN JOUR MON PRINCE VIENDRA : En attendant, mange ta main, et garde l’autre pour demain.

Bonjour bonjour ! Bon, je viens de me rendre compte que les taux de fréquentation de ce petit agenda sont si bas que j’ai bien peur de trouver du pétrole d’ici 3 semaines, il faudrait donc que je me bouge un peu pour ne pas avoir à dormir sous les ponts de la blogosphère (j’adore ce mot, c’est incroyable). Mais bon, faut me comprendre aussi, bande d’intolérants que vous êtes : j’ai une vie affective désespérément plate à gérer … (ah, la régie m’annonce que je viens de remporter le titre de Miss Transition pourrie 2007)

Et oui, la nouvelle vient de tomber : le célibat nuit gravement à la vie sociale, et à la qualité des transitions de mon cerveau fécond. La vie est belle, donc. Mais pourquoi le célibataire est-il donc rejeté en marge de la société ? Comme les cordonniers sont les plus mal chaussés, la spécialiste ès relations amoureuses (des autres) que je suis va donc essayer de répondre à cette difficile question. Si quelqu’un pouvait par ailleurs m’expliquer pourquoi j’ai utilisé l’expression du cordonnier mal chaussé, ce n’est pas de refus. Merci d’avance.

Le principal problème du célibataire, c’est qu’il est seul. Sinon, il ne serait pas célibataire, soit dit en passant. Seul contre tous ces couples qui n’hésitent pas à lui vomir leur bonheur à la djeule. Ca forge le caractère, paraît-il. Ces monstres de cruauté n’hésitent donc pas à compatir avec ledit célibataire en s’exclamant, d’une même voix monocorde, cette maxime à graver sur le fronton de nos mairies, et qui fait vachement avancer le débat : « Oh, le/la pauvre, ça doit pas être facile de ne pas trouver d’indicible soutien dans une tierce personne qui transforme votre misérable vie sur cette Terre en paradis doré, avec option atmosphère sucrée et supplément Saint Valentin. ». Si vous devez vous rendre à une réunion des célibataires anonymes, je vous déconseille donc fortement de vous rendre à celles encadrées par Monsieur et Madame Nousrespironslebonheur, mais plutôt à celle dirigée par Madame André, dame d’un certain âge, aigrie, avec un début de calvitie, un œil de verre et un moignon à la place du bras droit : même si ça change pas grand-chose, au moins, ça fait du bien à l’ego, et vous rigolerez un bon coup.
Quand il a pas beaucoup de chance (ce qui est, re-manque de chance, mon cas), le célibataire peut se retrouver dans une situation assez délicate à gérer, dont seuls les plus aguerris se sortent vivants : un repas, 6 personnes, dont 5 ayant déjà trouvé l’amour de leur vie, et une, le célibataire. Là, plusieurs options s’offrent à vous. Premièrement, vous pouvez vous inventer une vie de couple imaginaire, et raconter avec une petite flamme dans les yeux (uniquement si vous êtes très bon comédien) ces belles journées d’automne où vous et votre cher et tendre vous amusez comme des petits fous à tuer des petits animaux dans la forêt (ah, accrocher un pétard sur le dos d’un écureuil et le voir se répandre dans l’atmosphère, les plaisirs simples de la vie …). En général, le malaise gagne l’assemblée : Célibataire 1 - Couples 0. Autre possibilité : vous réincarner le temps d’un repas en Big Brother, et devenir l’arbitre d’une compétition dont vous seul êtes conscients (oui, le célibat déteint sur la santé gnééééé mentale) : amusez-vous alors à comptabiliser le nombre de surnoms à la con qui fusent de tous côtés en à peine 40 minutes. Quand on vous demandera pourquoi vous ne dites rien et si les petits carrés que vous dessinez sur la serviette en papier de la cafet’ correspondent à vos jours de célibat (éclat de rire des moitiés de couples présentes), vous pourrez alors annoncer avec un détachement indescriptible que votre interlocuteur a prononcé 258 fois « mon pâté en croûte céleste », 345 fois « mon rat crevé » pour désigner son binôme (éclat de rire de vous tout seul) : vous mangerez tout seul demain, ne passez pas par la case départ et ne touchez pas 20 000 francs. Mais, il y a quand même Célibataire 2 - Couples 0. Sinon, vous pouvez aussi monter sur la table, vous lancer dans une hilarante imitation de Claude François et essayer de déchaîner les foules en reprenant « Je suis le mal aimé », puis vous asperger d’eau et changer l’ampoule au dessus de votre tête, mais l’assemblée risque de ne pas vous suivre dans votre délire morbide : Célibataire 2 - Couples 1. C’est con, vous imitiez vachement bien Claude François.

Comme si la vie en communauté n’était déjà pas assez compliquée quand on est seul (après relecture, il me semble que cette phrase n’est pas compréhensible, vous pouvez donc continuer sans remords, et sans essayer de la relire 23 fois), les couples prennent un malin plaisir et tirent une sadique jouissance de l’interprétation vos moindres faits et gestes envers 50 % de la population (en général celle qui n’est pas du même sexe que vous) : prenez donc garde de ne pas prononcer deux fois le même prénom dans la même journée, ami célibataire, au risque de passer pour fou d’amour envers la personne portant ledit prénom. Sur votre passage, si vous tendez bien l’oreille, vous pourrez alors entendre des voix chuchoter au choix : « Mieux vaut tard que jamais », « Moi qui croyais qu’il était gay », « Alleluia, hosanna au plut haut des cieux » …

Cependant, ne vous inquiétez pas, ami célibataire ! Les histoires d’amour finissent mal en général, vous êtes bien placé pour le savoir, non ? Et de temps en temps, des singletons (oui, vous aussi, brillez en société grâce à mes expressions mathématiques) vous appellent au secours, vous demandant la larme à l’œil pourquoi cette enflure d’ex-canard en sucre a reçu un SMS de son ex, cette dinde. Et là, vous pouvez vous délecter d’un plaisir non dissimulé à l‘envi, parce que ça fait quand même du bien de voir les autres descendre de leur petit nuage. Vous n’avez plus qu’à dégainer (pour les lecteurs de sexe masculin, je me permets de rajouter « kof kof ») … votre agenda : « Samedi en 8, on se fait une bouffe, entre parias de la société, faut se soutenir ! » Revenge is sweet …

Demain, nous essayerons de répondre à la question : « En quoi ma nouvelle coupe de cheveux me donne-t-elle un air d’infirmière cochonne ? »