lundi, juin 26, 2006

Catégorie WARRIOR : l’Odyssée de Louisenlund

Bon, jeune lecteur, tout d’abord, bien le bonjour (politesse quand tu nous tiens). Ce matin, tu n’auras pas la joie de lire un petit article léger, joyeux, le genre qui te donne le sourire (je crois que je surestime le pouvoir du blog, là, non ?) : non, aujourd’hui, je vais te parler de mon voyage au bout de l’enfer (dit comme ça, ça fout les jetons, hein ?).
Comme je te l’ai déjà dit, jeune lecteur (ou pas d’ailleurs), je compte parmi les rescapés de la section européenne. Je vois la lueur de perplexité dans tes yeux : « La section européenne ? Mais kessecé encore ça ? ». Eh bien, laisse moi t’éclairer : en fait, c’est une section où tu es sensé apprendre pleins de trucs en anglais et en allemand, faire tout plein de voyages pour devenir un citoyen européen. Sur le papier, c’est tentant. Mais au final : une année de bio en anglais pour rien (ils se sont rendus compte que Zandi Zando était pas homologuée au bout d’un an ^^’) + un seul voyage (en enfer qui plus est) = carnage européen. CQFD.
Aujourd’hui, j’ai donc décidé que toi, jeune lecteur, tu serais aussi mon jeune psy. En fait, notre aventure a commencé en avril 2004 : notre départ vers Louisenlund, un charmant petit pensionnat pour enfants gâtés, portant des prénoms dont les équivalents français se rapprochent plus de Stanislas et Marie-Charlotte (MC pour les intimes) que de Kevin et Jennifer (oui, ce sont des clichés, mais j’y peux rien moi, jeune lecteur), pensionnat où nous devions être accueillis comme des princes (j’avais envie de marquer comme des « coqs en pâte », mais je ne sais même pas si cette expression existe encore ^^). Nous étions donc un petit groupe de 10 élèves et un animal (notre mascotte Dindo Cruz), prêts pour l’aventure européenne …
Première étape, bien sûr : le départ. Quand on y repense, c’était prémonitoire … On aurait pu avoir un vrai petit bus. On a eu une camionnette génétiquement modifiée (le « Master » en plastique qui ornait l’arrière orne d’ailleurs désormais une aire d’autoroute en Allemagne) : 10 élèves, 2 profs, 1 chauffeuse (qui s’appelait Michael), 1 animal, 14 valises (oui Dindo Cruz avait sa valise) et pas de coffre dans la camionnette (je me comprends)… Premier problème technique … Une fois ces premières considérations matérielles résolues, on démarre. Comme dans tout voyage de la sorte, on est bien entendu obligés de faire la pause-pipi réglementaire toutes les 2 heures. Et là, on a eu droit à une des pauses-pipi les plus glauques possibles : je te décris le tableau, jeune lecteur. Un motel comme ceux des films d’horreur à petit budget, un froid de mort, etc etc. A l’intérieur, une volière avec des oiseaux qui deviennent rapidement les souffre-douleur de la gent masculine, pendant que William essaye de récupérer l’unique pièce de monnaie de la caisse de la Dame pipi. Emeline et Cynthia mettent leur allemand à l’épreuve en allant s’acheter un café : « Zusammen oder separat ? ». Le mystère restera entier, jeune lecteur.
Le voyage se finit à peu près sans encombre, et le lendemain matin, arrivée à … -roulement de tambours- … Güby, chez le prof de français, Herr Kerrüzec, dit Keru. Il nous souhaite « bienvenue à Louz'nlound » (oui, il l’a prononcé tel quel) et nous amène dans le jardin. Tiens, qu’est-ce que c’est que ce grand chapiteau ? Y’a la foire à la moule chez Keru ? C’est là où on va dormir ? Ah … C’est normal qu’il y ait pas de bâche par terre ? Oui, c’est voulu ? Bon très bien …On découvre donc avec … étonnement l’endroit où on va dormir (essayer de dormir serait plus juste) : un marabout qui prend l’eau, avec un sol exclusivement constitué de gazon trempé, et une séparation filles-garçons (une idée de Fabi la vieille fille) constituée d’une bâche, qui du coup ne pouvait pas être par terre (mais qui va rapidement retrouver son but initial). Dans le courant de l’après-midi, comme on s’est pas lavés depuis 24 heures et que dans un Master, à 14, il fait chaud, on va prendre une douche. Ce qu’on avait pas prévu, c’est qu’on utiliserait les douches des gymnases du bahut, situé à 2 kilomètres, et que pour y accéder, on devrait traverser une forêt, un champ de colza et un stade … On est déjà un peu refroidis par l’accueil de luxe, alors on se dit qu’on va se consoler en mangeant un repas consistant, avant d’aller dormir. Double échec. Déjà, il faut avoir à l’esprit que les Allemands mangent à 18h, et que nous on est sortis des douches à 19h. On part déjà avec un handicap, forcément. Il faut aussi avoir à l’esprit que Zandi Zando a toujours très, très faim. Elle va donc se servir en premier : résultat, on finit la soirée avec un bout de pain (sans beurre, sinon c’est pas marrant) et un café. Bon, ça passe encore, on va aller se reposer et ça ira mieux demain, hein les copains ? Sauf qu’en Allemagne du nord, au mois d’avril, la nuit il fait très, mais alors très froid, et humide en plus. On a pourtant tous 3 polaires, 2 jogging, un sac de couchage et un drap, on meurt littéralement de froid. Surtout Julien, dont le lit de camp se trouve en dessous d’un des trous du marabout, et qui a donc le privilège de dormir sous la pluie.
Le lendemain matin, à 6 heures, soit un quart d’heure après qu’on se soit endormis, on se réveille avec nos nouveaux colocataires, les cafards qui viennent squatter les draps, Keru vient nous proposer un thé. On saute tous de joie à l’idée de se souvenir qu’il existe des températures supérieures à 3°C. On se jette (littéralement) dans son salon et on attend le thé. C’était le premier thé que je buvais de ma vie, et aussi l’avant-dernier : un liquide jaune pipi et à odeur de pipi (p’tain ça fait 5 fois que je dis ce mot, c’est quoi mon problème à moi, aujourd’hui ?). Qu’avec Jean-Luc on va devoir se forcer à reboire le lendemain matin pour pas vexer Keru. Politesse quand tu nous tiens. Le matin, Keru nous fait découvrir Louisenlund et ses toits en chaume très très cher, et aussi très très tentants pour le briquet de Ben. A midi, premier vrai repas (non, le quignon de pain de la veille ne compte pas) : on se jette encore une fois comme des morfales sur les plats et on commence à manger. Quand tout à coup, tout le réfectoire se lève dans un silence de mort. Trop absorbés par nos viandes en sauce, nos patates et autres, on les regarde, on hausse les épaules et on continue à manger. C’est alors qu’une grosse voix résonne dans les haut-parleurs : ‘Guten Appétit’ (je traduis ou ça ira ?). A notre table, gros blanc et éclat de rire. Aux tables d’à côté, dévisagement des Français. C’est d’ailleurs dans ce même réfectoire que j’ai obtenu mon premier titre de ‘Miss-Schäme’, en parlant devant 200 Allemands qui sautaient sur les tables. A la base, ils devaient être 2-3, les Allemands, mais cette grande guedine de prof de musique (c’était un homme, au passage) devait avoir de mal avec les chiffres en français.
Mais qui dit voyage, dit culture (et dans culture, y’a ture, hein, jeune lecteur, comme dirait Nico) : ainsi, on a pas passé notre temps à mourir de faim ou d’épuisement , on a aussi fait des visites, dont certaines ont plus marqué les esprits que d’autres. Tout d’abord, la visite d’une petite île dont on a bien cru (et espéré) qu’on ne repartirait jamais. Là-bas, visite de la maison de Chépluki, avec des tapisseries et des tableaux anciens. Le gros moustachu qui nous fait visiter regarde Zandi Zando avec des yeux de tueur en série (Hannibal Lecter c’est une fillette à côté) et lui dit dans un allemand si fluide et académique que même Fabi a du mal à comprendre que les flashs sont interdits. Et là, Zandi Zando, tout de go : « mais y’a pas de flash, c’est du numérique ! ». Incompréhension parmi les européens, on se demande quelle connerie la Zando va bien pouvoir nous faire. Ça pas loupé : 3 secondes plus tard, un énorme flash (a tremendous flash), ponctué d’un « Oups, désolée », devenu célèbre. C’est aussi sur cette île qu’on a découvert un Gaulois, avec qui Fabi et Zandi Zando ont fricoté pendant une paire d’heure, nous laissant ainsi le temps de découvrir la principale infrastructure de loisir de l’île : un tape-cul. Sur lequel on a réussi à s’amuser pendant 2h30, montre en main. Je te rappelle, jeune lecteur, qu’on avait 16 ans, quand même (oui je sais, ça fait bizarre de dire ‘attend, on était des grands, on avait 16 ans, ok ?’, mais bon, c’est un tape-cul). Les orgies gauloises ont quand même failli nous faire rater le bateau du retour (vu qu’en plus on faisait exprès de ralentir, petits galopins que nous étions, ça aidait pas). On a presque réussi à mettre nos plans machiavéliques à exécution : on a bien vu le bateau s’éloigner. Mais on savait pas qu’il allait revenir, ce con de ferry. Sinon, une autre excursion me revient à l’esprit : le musée Viking … Un grand moment de bonheur à l’état pur et même que c’est pas du chiqué. Imagine un endroit chaud, avec une lumière tamisée, un fond sonore reposant, Romain Duris allongé … euh ce n’est pas ce que j’ai voulu dire que tu n’as pas entendu, jeune lecteur. Bon, eh bien cet endroit propice à l’endormissement, c’est le musée Viking. On a enfin réussi à fermer l’œil pendant 2 heures, et Dieu sait qu’on en avait besoin … Même Bibi (directeur adjoint, SVP, venu nous rendre visite avec Valoch, qu’elle est moche, et le directeur et sa femme), professeur d’histoire, s’est endormi, c’est pour dire. A ce propos, faut que j’en parle de leur visite, tu m’y feras penser, jeune lecteur ? Sinon, on a aussi passé une journée à Lübeck où on s’est fait payer un café par le dirlo (on a la classe. ou pas) en personne, et où avec Nico, on a découvert les joies du Marzipan, avec dégustation d’un petit cochon ^^ (en Marzipan, hein, pas un vrai). Sinon, on a aussi voulu faire les élèves consciencieux et on a acheté un poster le Lübeck pour préparer notre fabuleux dossier européen pour l’oral du bac. Dossier inachevé, et poster toujours emballé, ou comment perdre son temps et son argent. C’est aussi à Lübeck qu’on a découvert un magasin assez glauque, avec des statuettes … spéciales …
Heureusement, comme je l’ai dit, Bibi et JM sont arrivés, et ont bien vu que leurs petits européens vivaient dans des conditions désastreuses, ils ont alors foutu le borde et on a dormi avec Fabi et Zando (oui, elles avaient un vrai toit, elles). On a pu prendre un nouveau départ : tournoi de snoocker à la télé, dégustation de chocolat chaud en jouant aux cartes … Emeline, Cynthia et moi avons alors connu des nuits mouvementées aussi : les siamoises qui dorment dans la chambre des profs (hmm, tu les envies, hein, jeune lecteur ?), et moi, à côté … des toilettes (oui, tout en finesse, je sais, bah quoi, tu m’envies pas, moi, jeune lecteur ?). Tout allait bien dans le meilleur des mondes, jusqu’à jeudi soir (euh, je crois que c’était jeudi) : les filles rentraient de la douche, on était dans la forêt et il faisait nuit, quand on entend Nico courir vers nous et dire ‘Euh, m’dame, on va peut-être rentrer plus tôt que prévu’ . On arrive près de chez Kéru, et là, on voit Julien en train de hurler dans la rue, et Keru qui s’énerve tout seul et qui veut nous foutre dehors. La, j’ai sûrement fait des conneries avec la chronologie, tu m’en vois désolée, jeune lecteur ! Le lendemain, pour essayer d’oublier les quelques petits désaccords franco-allemand, un barbecue géant est préparé im Herr Keruzecs Garten. Les Françaises mettent la table, les Français font à manger, et les Allemands mangent en nous faisant des signes amicaux de la main (du doigt, pour être plus précise).
Nous v’là déjà à la fin de la semaine, didon, jeune lecteur. Et la dernière soirée restera gravée dans les esprits, je crois. Je vais pas trop en dire, parce que personne ne sait toutes les choses qu’on s’est dites ce soir là, et j’ose espérer que le secret sera bien gardé ^^. N’empêche que ce petit voyage en enfer nous a vachement soudés, et que le dimanche après-midi du retour, ça a été crise de larmes sur crise de larmes. Donc, un petit message tout particulier à mes rescapés d’amour : je vous adore ^^. Et Papi, tu nous a rejoints qu’après, mais bon toi t’as fait le Vietnam aussi !

1 Comments:

At 29/6/06 19:59, Et là, y'a Anonymous Anonyme qui dit ...

Notre fameuse petite excursion à Louisenlund ... quel bonheur (enfin avec le recul ^^). Prenez une bande de jeunes européens (encore motivés à l'époque) et mettez dans un endroit caractérisé par les condition de "La ferme célébrités" enfin les conditions officielles bien entendu on oublie toute salle VIP ravitaillement secret ou encore tout objet de confort non non je parle des conditions du style : douche froide à 2km, nuit sous la pluie avec une température moyenne de 3°C, lits de camp troués et nombre de sacs de couchage inférieur au nombre d'élèves (c'est pas marrant sinon)... Vous mélangez le tout pendant une semaine et vous obtenez ce voyage qui nous a marqué à vie et que Bonnie a très bien résumé (oui oui malgré la longueur de l'article c'est résumé ! ^^) Gros Bisous Pauline et j'adore vraiment ce blog :p

 

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