Catégorie A LA RECHERCHE DU PRINCE CHARMANT : De l'art délicat d'être prise pour une conne.

"Tu seras une nonne, ma fille." Ces quelques mots, prononcés par une vieille fée alcoolique qui s'était penchée sur mon berceau il y a de cela 18 piges et des poussières, sont certainement à l'origine de ma non-vie sentimentale passée, présente et future. A moins que ce ne soit que de la poisse, comme me l'a simplement suggéré un psy que mes névroses et moi avons propulsé parmi les 10 plus grosses fortunes mondiales. Après donc à peu près deux mois d'accalmie passagère dans le ciel de mes amours, alors que je commençais à apercevoir le bout du tunnel [ndlr : non, contrairement aux apparences, je n'ai pas de cancer, je suis simplement célibataire, bien qu'aux yeux des gens amoureux, je ne sais pas si ça fait une grande différence, mais passons], 10 petites minutes ont réussi à tout me casser mes beaux projets ... Je m'explique.

Juillet-août 2006 : je jure solennellement devant les 3-4 lecteurs de l'Agenda que plus jamais on ne me reprendra à avoir confiance en des individus de sexe masculin, d'entre 20 et 25 ans, habitant en Midi-Pyrénées, et accessoirement rencontrés par le truchement de cette invention digne de Lucifer elle-même, j'ai nommé Internet.
Janvier-mars 2007 : mes tendances masochistes refont surface plus ou moins malgré moi. Et comme l'idiote que je suis, qu'est-ce que je fais ? Devinez (oui, le niveau intellectuel de mes devinettes laisse à désirer, je suis au courant, et si vous pouviez éviter de me mettre face à mes faiblesses, ça m'arrangerait, en fait) ... C'est donc avec fierté que je range mon pin's gracieusement offert par le centre de désintox' "Sobre depuis 6 mois" et que je replonge gaiement dans les méandres sans fin des amourettes à distance. On m'applaudit bien fort, d'une part parce que je m'étais pourtant prévenue, d'autre part parce que la mégalo qui sommeille en moi aime bien ça, en fait.

2 avril au matin, dans une charmante bourgade de Teutonie-Lorraine, capitale de la quiche (ça ne s'invente pas) : après avoir passé une nuit de merde, analysé tous les scénarios possibles et imaginables (pas tous, après réflexion), direction la gare pour aller chercher l'étranger. Moi qui fantasmais sur ce genre de retrouvailles à chaque fois que je passe devant une gare (c'est à dire minimum deux fois par jour), je m'en suis pris plein dans la djeule, didon :
*10h28 : arrivée du train.
*10h33 : arrivée du Cathare, qui d'après mes souvenirs, était encore célibataire il y a de cela 48 heures.
*10h35 : arrivée du Cathare en fait casé depuis 36 heures, au temps pour moi. Je me prends à espérer que cette vieille garce de fée a au moins eu un accident de carosse et est morte dans d'atroces souffrances pour la peine. Au moins.
*10h38 : arrivée du tram et avec lui d'un des premiers grands moments de solitude de la semaine. Le Cathare : 1 - La Teutonne : 0, balle au centre.

Mais passons, une petite bombe thermonucléaire de rien du tout vient d'exploser dans ma petite bulle sentimentale, certes, mais je suis une grande fille, et puis j'en ai vu d'autres. Et dans "grande fille", il y a "fille" (waw, merci du renseignement, je suis vraiment indispensable, y'a pas à chier). Et que fait une fille digne de ce nom quand elle apprend un potin sur la vie amoureuse de n'importe qui, même si c'est pas forcément à son avantage, et Dieu sait que ce n'était pas au mien ? Elle prévient ses autres amies filles en priant son forfait SMS d'aller se faire foutre. Jusque là, rien de dramatique, je vous le concède. Sauf que là, mon Surmoi m'a encore une fois joué un sale tour (il devait se doûter qu'il n'y aurait pas foule cette semaine, justement, sur moi, et il a du se sentir seul, qu'est ce que j'en sais moi hein ?), et au lieu d'envoyer un message à équidistance entre "Me suis fait prendre pour une conne, à bas les hommes, vive l'émasculation systématique à la naissance" et "Le destin est un petit plaisantin et c'est de bon coeur que je ris quand il se joue de moi" à Mademoiselle Clara, qu'est ce que j'ai fait ? "Nooooon, elle a pas fait ça quand même ?!", vous dites-vous. Si. Je l'ai fait. Direct dans la boîte de réception de l'Albigeois. Je ne passe pas par la case Départ et je ne touche pas 20 000 francs. Tiens, j'entends le jingle de la boule noire de Momomotus résonner au loin.

La nouvelle amie que je suis prend alors la sage décision de lui pourrir sa semaine pour la peine, parce que c'est pas rigolo si je suis la seule à me faire chier, après tout. Je suis trop bonne, je sais, je sais. Enfin pour ça, encore eut-il fallu qu'on se parle. Hélas, la modeste célibataire que je suis, si bavarde d'habitude (et même que j'ai failli me faire virer du cours de français et du cours d'anglais, alors respect, ok ?), a parfois du mal à converser avec une personne casée qui me parle de sa chère et tendre moitié, et ce depuis au moins 72 heures. Moi ? Frustrée ? Jalouse du bonheur de ceux qui se contretapent du mien ? Si peu, mes chéris, si peu.

J'ai quand même eu la chance de tenter une expérience peu commune (jeunes lectrices suicidaires, si vous êtes au fond du gouffre et que vous cherchez ZE occasion (prononcez "occaïjeun", ça a autrement plus de djeule) pour vous trancher les veines, c'est par ici) : partager la couche d'un homme qui vous désire à peu près autant que si vous étiez Jeanne Moreau en personne, avec supplément herpès labial et écureuil sous les aisselles. Rah, je peux vous dire que ça a fait foutrement du bien à mon ego, qui a pourtant parfois la réputation d'être aussi gros que moi (et Dieu sait que je ne me nourris pas uniquement de pommes vertes depuis ma naissance) et qui s'en est pris un sérieux coup dans les rotules. La Cathare : 72 - La Teutonne : 0. Pas besoin de remettre la balle au centre, je crois qu'on a compris la tendance générale. Mon seul plaisir au lit ? (kof kof) Tirer la couette pour qu'il meure d'hypothermie. Mouahahahahaha, je suis pitoyable avec mon rire sardonique qui ne fait peur à personne.

Devant tant de droiture et de fidélité (ou alors c'est que je suis vraiment très, mais quand je dis très, c'est très, repoussante), je choisis la solution finale : l'émasculation pure et dure [ndlr : ah, on m'annonce en régie que mon lectorat masculin vient précipitemment de quitter cette page, étonnant, non ?]. Direction la foire, où un tour de Vomitarium 3000 saura montrer que les jeunes Teutonnes ont les moyens de vous faire crier. Premièrement : l'intimidation. Je crie aussi fort que je peux des syllabes pouvant laisser croire que je suis au bord d'un orgasme multiple, et confirmant que je prends mon pied où je peux. J'ai dit célibataire, pas frigide *air mutin*. Deuxièmement : la castration. J'appelle mon ami le forain, être d'une douceur et d'une délicatesse sans égales, ce qu'on peut d'ailleurs deviner au doux parfum de sa sueur masculine, qui vient nous arnacher. Adieu jeune virilité cathare ... Le(a?) Cathare : 72 - La Teutonne : 1. C'était pour l'honneur, dirons-nous.

Enfin, je me plains, je me plains, mais je suis sotte aussi moi, à m'emballer parce qu'un représentant de la gent masculine se tape 800 bornes pour moi. J'aurais du potasser mon guide du Routard "Midi-Pyrénées", comme ça j'aurais su que c'était un acte d'une banalité affligeante en Ovalie. Ce qu'on est bête des fois *tape sur le front*. Malgré tout, aussi seule ai-je passé la semaine, je me suis bien amusée. Certes, je me suis fait étaler à domicile, et je suis actuellement dans l'incapacité de vous dire si le match retour aura lieu. Et je persiste à dire que c'est dommage qu'on se soit quittés comme ça, m'enfin, moi ce que j'en pense, hein, le principal intéressé me dira aussi sûrement ce qu'il en pense le jour où il donnera de ses nouvelles, supputé-je. *mode crachage-de-venin OFF*