Catégorie ECHANGES LINGUISTIQUES : 48 heures entre Claudia Schiffer et un gros barbu …

Bonjour bonjour ! Depuis quelques jours, quelques évènements totalement indépendants les uns des autres, à moins d’être au centre d’une machination de l’intégralité de mon entourage [Hypothèse que j’aurai cependant aujourd’hui tendance à rejeter, par : 1. confiance aveugle en l’entourage cité précédemment (aussi appelée ‘naïveté') // 2. pure flemme (c’est dimanche, il fait 32°C à l’ombre et c’est les vacances, ceci explique cela)] m’ont rappelé la joyeuse époque où la collégienne que j’étais a été plus ou moins forcée à lier un début d’amitié par courriers interposés : le temps béni (de la rengaine ? hmm non, désolée, cher ami de la variété française) des correspondants …

Comme je vous rappelle que j’habite en Lorraine, il est aisé de supputer que niveau organisation, l’Allemagne recevait la préférence de l’établissement scolaire cher à mon cœur où j’ai passé mes 7 dernières années. En 5ème, pour commencer, c’est aux Allemands de venir visiter notre mère patrie. Tout le monde il est beau, tout le monde il est content, et surtout, tout le monde il a hâte de savoir avec qui il va devoir passer les 48 prochaines heures … Comme les profs avaient du trouver ça marrant de jouer sur l’effet de contraste, je me retrouve avec Talisa (Tali pour les intimes, mais l’homonymie avec le nom d’une muse, qui aurait pu révéler un subtil clin d’œil aux amateurs de culture, relève d’après mes quelques souvenirs, plus du hasard de plus total que de la volonté de ses parents)(fin moi j’dis ça j’dis rien ^_^/, une grande blonde aux yeux bleus. Soit. On commence à discuter, non, pardon, à essayer de discuter (oui, bah avec un an d’allemand et Claudia Schiffer qui fait que jacasser, on fait ce qu’on peut hein/. Je suis pas trpp mal tombée : William a un hooligan de 17 ans (il a même un cri de guerre et une boucle d’oreille, si si je vous jure/, et Clemence ne sait plus quoi faire avec la sienne, qui pleure tellement qu’on dirait qu’elle a appris dans le bus qu’elle était tombée dans un traquenard et que c’était la dernière fois qu’elle voyait toute sa famille. A midi, le bahut a fait des frais pour impressionner nos invités : hamburgers-frites pour tout le monde, et pour une fois, ils ne nous proposent même pas l’excellent gratin de salsifis ou le suprême de tête de veau et sa sauce aux rognons et au boudin noir, au cas où. Ptin, je suis deg’, le seul jour où je voulais goûter. L’après-midi, on a exceptionnellement le droit de regagner nos pénates (ouais, enfin faut dire que vu la gueule d’un emploi du temps de 5ème, on a pas du louper grand-chose, en même temps). Il fait un super soleil, toutes mes copines envisagent de se retrouver pour affronter le danger à plusieurs, et moi, au fin fond de ma campagne, je suis seule. Désespérément seule. En fait, j’ai eu tort de m’en faire, il a beau faire beau, chaud, etc, elle veut pas décoller du canapé. Elle me montre un DVD, je lui explique qu’il y a même pas de sous titres en allemand dessus, elle me répond qu’elle s’en tamponne le coquillard (traduction approximative). Bon, bah ce serait dommage de louper une telle occasion, je la colle devant Mel Gibson (hmm ceci explique cela ?) et je retourne vaquer à mes occupations … Le soir, je suis rassurée, la vie est belle, les oiseaux chantent, bla bla bla. La Reine Mère reçoit l’ambassadrice et lui sert un repas typiquement lorrain : la raclette. C’est vrai, c’est bon, la raclette, ça plait à tout le monde, la raclette. Bah faut croire que non, la journée avait trop bien commencé, mademoiselle n’aime pas le fromage. En guise de repas, elle se sera donc contenté d’une tranche de jambon et de trois cornichons (oui, on est pas comme ça, on lui a quand même passé les cornichons). Le lendemain, comme tous les éléments ont décidé que j’en avais pas assez chié, il pleut des cordes et mademoiselle a envie de visiter Metz. Maintenant. Une seule phrase passe en boucle dans ma t^te : « mon Dieu qu’elle est conne, mon Dieu qu’elle est conne … Je me tape donc avec le sourire de rigueur la Cathédrale, l’Arsenal, le Théâtre, et caeterra. Mon père et mon Harrap’s font à moitié la gueule, Claudia Schiffer a réussi à me foirer la matinée, didon. Cela n’aura cependant pas empêché mon organisme de verser une petite larme quand elle est repartie (oui, je suis toute en sensibleries, je sais, je sais).

Mais bon comme on était futées, on s’est laissé nos adresses respectives pour continuer par écrit nos passionnantes discussions. Résultat des courses : France 1 - Allemagne 1 (en nombre de lettres reçues). Score peu concluant.
Arrivée en 4ème, comme j’étais beaucoup plus mature, j’ai pu entreprendre le match retour en toute sérénité. A mon grand regret, d’ailleurs. Le pire, c’est qu’ils étaient pleins de bonnes intentions. Enfin je crois. C’était le bon temps où MP était une humaine comme les autres, ma meilleure amie de surcroît, celle avec qui passer une heure en cours de bio avec les Allemands (soit dit en passant tous teints en blond platine, à mi-chemin entre Pagny époque « Savoir aimer » et Steevy époque ante-Ruquier) devenait supportable. Bon, c’est pas le tout, mais il est midi, et faut que je mette la main sur Claudia Schiffer. On marche ¾ d’heure (je rappelle que je me traîne ma valise à roulette de touriste), et là, coup de téléphone, sa mère. Bon ça doit être pour nous dire de pas nous inquiéter, qu’elle est là dans 5 minutes. Ah bah non. Il faut qu »elle fasse à manger, elle sera là dans une petite heure. Et merde. L’après-midi, elle veut à la piscine. Pourquoi pas, mais j’ai pas de maillot (ça c’est de l’excuse). C’est pas grave, elle en a un pour moi (je vous rappelle que là où elle est grande, mince et blonde, moi je suis de taille moyenne, pas vraiment élancée et brune). Gaulée comme Maïté habillée en taille 12 ans, me voilà donc partie à la pistoche avec Claudia et sa meilleure amie. Pendant que je demande toutes les cinq minutes à quelle heure on s’en va, ces deux connes perdent les clés du vestiaire. Et merde. On s’assied en maillot de bain, trempées, dans les escaliers avec pour seule consolation un bretzel. Une fois mon calvaire en mode *pause* avec l’arrivée de sa mère, on se colle devant « Wer wird Millionär » pour décompresser. Je fais la rencontre de son père, un gros barbu avec de grands yeux de psychopathes, et de son petit frère, qui lui était vraiment mignon. On passe à table, où j’ai l’immense plaisir de manger les escalopes viennoises que sa mère a décongelé avec amour. Enfin a essayé de décongeler, on dirait. Le tout arrosé de Sprudel avec du jus de pomme. Le lendemain matin, son père nous emmène faire les magasins. Mais avant, il faut prendre des forces : nous voilà donc à 8h30 dans un bar miteux, devant un Coca qui me fout la gerbe, lui devant sa bière. Papa, maman, venez me chercher, le gros barbu me fait peur. Une fois de retour à la maison, Claudias Bruder me défie au foot, je joue donc avec lui pendant 2h30, je shoote au passage le nain de jardin. Tiens, je vais demander à quelqu’un pourquoi il a pas de vêtements le nain ? Euh, non, pas au gros barbu, en fait. Après, nouvelle lubie de Claudia, elle veut qu’on aille se balader dans la forêt alors qu’il vient de pleuvoir. « Mon Dieu, mais qu’elle est conne … ». Le seul point positif du week-end, c’est que j’ai pu me sécher dans ma salle de bain personnelle, ça, c’est la classe.

Puis est venu le (plus ou moins) dure temps de la séparation. Bizarrement, j’ai perdu contact avec Claudia …