Catégorie LA MINUTE NECESSAIRE DE MISS ME : La groupie du pianiiiiste

Cher lecteur, tout d’abord, je tiens à te présenter mes plus plates excuse pour mon manque d’assiduité de ces derniers jours. La dernière fois que j’ai été une si méchante fille, c’était tard le soir et j’en ai pris pour *CENSURE* … J’étais toute *CENSURE* et ce *CENSURE* de *CENSURE* m’a bien *CENSURE*, à juste titre, d’ailleurs. Tiens, à propos, j’ai appris récemment que des gens de mon entourage proche avaient eu vent de mes tribulations bloggiennes, et oseraient profiter d’un de mes rares espaces de libre expression. C’est pas joli, joli, ça, dites-moi : Papa, Maman, lâchez cette souris ou … Euh, non, en fait, je vais pas en venir tout de suite aux menaces, étant encore, malgré l’apparente maturité que je laisse frivolement sourdre de ma prose ô combien pompeuse, mineure.

Mais venons en aux faits, voulez-vous, parce que mine de rien, c’est que j’ai pas tout mon temps, moi, mon pauvre monsieur / ma bonne dame (rayer la/les mention(s) inutile(s)). Il y a deux jours de cela, pour la première fois depuis un laps de temps que je juge de longueur plus que raisonnable, j’ai enfin fait quelque chose de ma journée. Pour vous autres, jeunes citadins, réussir à s’occuper relève de la banalité la plus absolue. Mais pour moi, pauvre mechloise que je suis [Ndlr : que nenni, cette phrase n’est point écrite en vieux François c’est simplement que je loge dans le trou de balle de notre bonne vieille Terre], vacances, week-end et jours fériés sont synonymes de paralysie. Dans un monde idéal, il me faudrait une greffe de vie sociale, mais comme il y a des cas plus graves que moi, genre mon prof de physique qui a des conversations imaginaires avec Coluche et qui parle à sa télé, je suis sur liste d’attente. Aidez-moi. Envoyez vos dons.

Tiens, ça fait longtemps que l’agenda n’a pas bien porté son nom …

*14h00 : Je me rends en ville en attendant un concert qui a lieu 7 heures plus tard, mais je me suis dit « soyons folle, ma grande ». Non, non, n’admirez point mon courage et mon abnégation, en fait, c’est juste que je devais retrouver un homme (vous avez eu peur, hein, Papa Maman, mouahahahahaha) du nom de Clémence pour acheter le cadeau de Cynthia dont l’anniversaire a lieu demain. Enfin hier, vu que jeudi c’était avant-hier. Le tout à l’heure de Greenwich, entre teure et teure et demie. Et puis merde, elle a eu 18 ans, quoi. La dénommée Clémence, que j’étais donc censée retrouver de 14 à 15 heures, ce qui ne me faisait plus que … hmm … 6 heures à attendre, m’a finalement plantée en pleine rue Serp’ à 14h06. Soit à peu près 54 minutes trop tôt, d’après mes savants calculs. Si en plus, j’avais su que je n’irais même pas à la soirée de ladite Cynthia et qu’en prime, on ne m’a toujours pas adressé ses remerciements les plus sincères … Non, enfin je sais pas, un petit mausolée à mon nom, un sacrifice humain, il y a tellement de broutilles qui m’auraient fait plaisir. Non, franchement, les gens sont méchants.

*14h10 : Ne voulant absolument pas nuire à la réputation d’intello qui me suit fièrement depuis la grande maternelle, je décide d’aller flâner dans une grande librairie messine, du côté des bouquins de prépa. Et là … c’est le drame [Ndlr : pour apprécier pleinement la grandeur tragique de cette réplique, la rédaction vous conseille vivement de la prononcer à la manière des reporters de Capital sur M6] … Alors que je regarde les annales de maths, un présentoir me tombe dessus et manque de me tuer. Les maths ont eu mon esprit, et voilà qu’elles en veulent à ma vie, les bougresses.

*14h25 : Je suis toujours bloquée sous mon présentoir, je n’ose pas bouger, de peur que toute l’étagère ne me tombe dessus. N’oubliez pas que je suis Fraulein Schäme, les amis. Vous êtes deg’, hein, il fallait prendre allemand deuxième langue … Au bout d’interminables minutes, je lâche le présentoir, je saisis mon courage à deux mains, et je pousse de toutes mes forces (kof kof). Je fais tomber une bonne douzaine de bouquins, j’ai honte, mais je suis vivante. Vivaaaaaante !

*14h40 : Je veux jouer la fille pleine d’esprit, alors je m’achète un bouquin un petit peu plus apte à me divertir que les méditations de Malebranche sur la recherche de la vérité : j’opte pour Desproges. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, l’achat de ce bouquin va changer le cours de ma soirée (ai-je rencontré un beau jeune homme cultivé et fan de Desproges qui m’a demandé de l’épouser ? Euh, non, mais vous pouvez continuer à lire quand même).

*15h00 : Je retrouve Soeusoeur sur la place où aura lieu le concert de ce soir et là, telle la groupie de base que je suis (encore un peu, et je serai comme les fan de Johnny qui, je cite, « dorment Johnny, respirent Johnny, s’habillent Johnny [au plus grand désespoir de leur dignité d’ailleurs], mangent Johnny (?) et le mot de la fin, vivent Johnny »), j’admire le beau Ben Ricour qui mange son kebab à quelques mètres de moi. Parfois, j’ai honte de moi. Sinon, quand je suis en ville, je suis un aimant à types à la frontière (du réel ? meuh non, que vous êtes naïfs) du glauque : en l’occurrence, c’était un junkie au top de sa forme qui avait sûrement besoin de sa dose de fraises Tagada ou de Pschitt Orange. Comme à mon habitude, je me tire en courant, parce qu’on dirait pas, mais je suis vachement téméraire en fait.

*15h15 : Marignan ?!! Euh non, je m’enflamme. Je vais m’installer dans un café et j’exploite à fond le filon de l’intello esseulée absorbée par sa lecture, le tout avec une pointe de détachement dans les yeux, en supputant que l’expression « pointe de détachement » ait un sens, bien sûr. Le temps qu’on vienne prendre ma commande, je dégaine mon bouquin et j’oublie le monde. Quelle splendide formule, Baudelaire, sors de mon corps, voyons ! En relisant cette phrase, les probabilités qu’on me prenne pour une folle qui s’invente des relations de toutes sortes avec des revenants ne jouant pas en ma faveur, je me permets donc d’ajouter « kof kof ».

*15h30 : Deux bonnes femmes viennent m’interrompre dans ma lecture, mais comme elles sont polies et qu’elles ont l’obligeance de me demander si elles gênent, je reste courtoise. Elles me font quand même toujours autant chier, mais une des conséquences de ma grande bravoure est ma fuite systématique du conflit. Je peux me faire doubler par un gamin de 5 ans ou une petite vieille, ennemis en toute logique à ma portée, j’aime pas me la ramener. Quel est donc ce sentiment étrange qui me saisit de part en part et noircit mon cœur ? La peur ? Hmm, réponse à étudier … Bon, c’est pas le tout, mais la madame est toujours pas venue prendre ma commande, et l’intello a le gosier qui se dessèche, mortecouille.

*15h45 : Les deux briseuses de silence sont plus sympa que prévu, et comme je suis plongée dans ma lecture et que je me laisse mourir de soif, elles rappellent à la serveuse que j’attends toujours. Moi qui croyais que les gens étaient tous égoïstes, pour une fois, je suis contente d’avoir tort. Mais attention, une fois n’est pas coutume, ajouta-t-elle d’un air jovial, toute contente d’avoir sorti un proverbe de merde.

*16h15 : Je me dirige vers le cinéma où je vais essayer de m’occuper, parce que n’empêche, se balader toute seule en ville, bah au bout d’un quart d’heure, c’est soûlant. Mais là, oh oh ! (je suis doctoresse ès onomatopée, qu’on se le dise), alors que ce cher Sebastien Folin nous avait prédit des éclaircies avec la précision que l’on connaît à Météo France, qui n’est même pas foutue de prévoir le temps à 10 minutes, il commence à pleuvoir. Il me reste 5 minutes pour me trouver une veste.

*16h20 : Mouahahaha, facile. J’ai hésité entre un poncho vert pomme avec des froufrous, des chaînes ET des clous, avec la tête de Chantal Goya dans le dos, et une petite veste sympa, mais le vert pomme, ça me va pas au teint, dommage. Je m’installe au ciné et c’est parti pour 2h30 toute seule. Et en plus, je me les caille : il fait 12° dehors, et comme les dirigeants ont envie de dépenser leur argent tout en faisant chier les gens, ils mettent la clim.

*18h00 : Alors que le bel Orlando Bloom de Pirates des Caraïbes (oui le filon « intello coincée », c’est marrant 5 minutes. On aura qu’à dire que je joue sur les effets de contrastes, hein ? Le premier qui pipe mot …) se fait déchirer sa chemise, ma sœur m’envoie un message pour me dire que Martin Rappeneau, mon idole (groupie de base, vous vous souvenez ?) répète tout seul sur la place et qu’elle et une de ses copines sont quasiment les seules à le regarder. Garce, salope, ordure, te revoilà Pomponette !?

*19h00 : Je cours, que dis-je, je vole (oui, j’ai parfois tendance à être trop modeste, je sais, je sais) sur la place pour voir s’il est encore là. Mais comme c’est plus marrant si je me fais chier pendant encore une heure et demie, il est parti. Je me dirige vers le repaire de Ronald Mac Donald, une vieille connaissance, et j’arrive à mettre une demie-heure pour boire un petit coca et manger un hamburger. Aussi courageuse qu’à l’accoutumée, je mange au rez-de-chaussée, parce que si jamais quelqu’un essaye de me violenter, on me verra ou au moins on m’entendra. [Retrouvez bientôt mon autobiographie « L’intello paranoïaque » dans votre librairie, et dans la bibliothèque à ma mère].

*19h35 : retour sur la place, j’ai tellement confiance en Martin que je crois que le concert va être blindé. Mais bon, en attendant, il y a 3 pelés, 2 tondus, 1 junkie et 200 CRS. Bon bah, j’ai plus qu’à retourner me faire chier au Mac Do, cette fois, je m’installe au deuxième étage, sous la clim (je suis conne ou je le fais exprès ? aucune réponse n’est attendue je prétexte une envie de milk-shake et je dîne en tête-à-tête avec un certain Pierre D., décédé en 1988, officialisant donc le fait que j’entretiens des relations avec des gens décédés. Envoyez vos dons. Étonnant, non ?

*20h00 : Après 6 heures d’attente, dont 5h54 seule comme une rate crevée, comme disent nos amis les aristocrates (ou pas, ça dépend des familles), je me décide à aller m’installer et garder de bonnes places. Challenge qui se révèle assez facile à relever, vu que il n’y a pas plus de monde qu’il y a une heure. Je me pose donc au premier rang, entre le piano et le micro. Je l’aurai en ligne de mire, mouahahahaha. A coté de moi, une petite dame habillée en rouge commence à me faire peur.

*20h15 : Le sieur Maxime, également adepte de nouvelle scène française, comme disent nos amis les snobinards, me rejoint enfin. Si tout se passe bien, dans un quart d’heure, l’homme au kebab viendra chanter en première partie. Si tout se passe bien.

*20h45 : Si vous avez la bosse des maths, vous aurez remarqué que tout ne s’est pas bien passé, et on voit donc Monsieur Martin Rappeneau se ramener, avec un charme fou, une voix d’ange ET un nouveau chapeau. Il fait beau, je suis au premier rang (la place s‘est remplie, sinon y‘a pas beaucoup de mérite à avoir, je vous le concède), je me laisse embarquer pendant une heure et des poussières, je suis plus admirative que jamais. Pendant ce temps, la dame au polaire rouge chante, danse, tape dans ses mains (pas dans le rythme sinon ça fait chier personne alors ça sert à rien), elle va finir par prendre son envol.

*22h00 : Maxou, comme il est sympa, propose gentiment de me garder ma place pendant que je vais faire exploser ma nature de groupie à la gueule de Martin. Je reviens toute tremblante : « J’ai mon autograaaaaaaaaaphe !! Il m’a fait la biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiise !! Aaaaaaaaaaah !! ». Parce que Martin, bah c’est vraiment un ange en fait, et même si j’en menais pas large, il a été super sympa. J’ai dégainé mon Desproges sans faire gaffe, parce que bien sûr j’ai mis 3 plombes à retrouver mon disque, il a regardé et m’a dit que j’avais bon goût en me souriant et en le montrant à son équipe (parole de Maxou). L’intello coincée, ça les fait tous craquer, je vous l’avais bien dit ^_^.

*22h10 : En toute logique, l’homme au kebab chante maintenant, puisque c’est lui qui passe en première partie. Moi qui ne connaissais que 3 chansons, j’ai été plus qu’agréablement surprise par ce fameux Ben Ricour. Autant Martin joue sur la poésie, la délicatesse et la douceur (« Ça m‘est égal » = crise de larmes), autant Ben joue sur les rythmes et l’énergie et c‘est vraiment réussi (oui, j‘aime bien me la péter critique musical). Pendant ce temps, la dame au polaire rouge me regarde d’un œil accusateur parce que je crie pas les paroles à l’arrache comme elle. Oula, désolée, madame. A un moment, un type à la limite du coma éthylique gueule à Ben de « faire fumer la guitaaaaaare, bordeeeeeeel » pendant 20 minutes. On applaudit bien fort les 200 CRS spécialité « tapisserie ».

*23h30 : Ben Ricour s’avère également super accessible et Kro à la main et Marlboro au bec (lui hein, pas moi, quand je bois rien qu‘une coupe de champagne faut que j‘aille faire pipi toutes les 5 minutes pendant les 24 heures qui suivent, c‘est pas une vie), on tape la discute avec lui pendant pas moins d’une demi-heure. J’ai eu droit à ma photo [Ndlr : ah, c’est officiel, j’ai dépassé les fans de ah que Johnny] avec lui, à mon autographe (sur une page de mon Desproges, et oui, toujours lui), à ma photo avec les musiciens et à l’autographe des musiciens parce que oui, je suis une folle, moi m’sieurs dames. On apprend même en exclusivité qu’ils ont bien l’intention de revenir à Metz, parce qu’ils ont bien aimé notre jolie ville-jardin. Didon, ça serait pas un petit peu la classe ce concert ?

[Ndlr : là, je me demande quand même qui a eu assez de courage pour tout lire … Dire que si ça se trouve, personne ne lira jamais cette splendide phrase de conclusion de merde …]